Monday 26 May 2014

Europe : plébiscite pour que rien ne change

Le principal enseignement des élections européennes est clair : les Européens sont majoritairement satisfaits de l'Europe telle qu'elle fonctionne, et souhaitent continuer dans la même direction. La reconduction du groupe majoritaire (le PPE, droite) et la confirmation du S&D (gauche) dans son statut de principal groupe d'opposition en atteste.

La nouveauté, c'est la percée de partis europhobes, en particulier d'extrême-droite. Ils arriveront peut-être à constituer un ou deux groupes distincts, autour du Ukip britannique et du FN français notamment. On voit mal à cette heure comment ils parviendraient à infléchir la politique générale du Parlement.

Du point de vue français, le résultat est également très clair : il y a UNE grande vainqueur, politicienne hors-pair, dont il faut bien reconnaître tout le talent, même si on ne partage pas ses convictions. Je parle évidemment d'Angela Merkel. François Hollande sort diminué du vote, sa légitimité pour demander une nouvelle orientation à la politique du Conseil est nulle, et la chancelière, qui s'oppose à tout infléchissement de la politique actuelle, peut remercier les électeurs du Front national d'avoir affaibli les positions françaises à ce point.

Conclusion : c'est une occasion manquée pour tous ceux qui voulaient changer quelque chose. Le Parlement est reconduit, le pouvoir continuera d'être entre les mains du Conseil (c'est-à-dire des chefs d’États et de gouvernements), pas au Parlement. Les nations (Merkel, Cameron... comme Sarkozy en son temps) vont continuer de tuer dans l’œuf toute tentative de fédéralisation dans les domaines clés : économie, fiscalité, affaires étrangères, défense, sans parler de l'éducation ni de la protection sociale... qui relèvent aujourd'hui exclusivement ou quasi-exclusivement des États souverains. C'est d'ailleurs la plus grande victoire des europhobes en France et au Royaume-Uni d'avoir réussi à faire croire qu'il en était autrement.